LA BIODIVERSITE DANS LES ALPES DE HAUTES-PROVENCE
Bernard Pelletier
La biodiversité, c’est l’ensemble des êtres vivants, plantes et animaux, dans leur environnement caractérisé par la géologie, le climat, l’hydrologie et aussi, bien souvent, les activités humaines. Le terme de biodiversité fut créé en 1986, lors d’un forum relatif à la diversité biologique, tenu aux Etats-Unis, à Washington.
Du fait que les activités humaines ont conduit à la destruction de nombreux habitats et, par voie de conséquence, à la disparition de très nombreuses espèces animales ou végétales, des mesures sont prises depuis quelques décennies pour tenter d’enrayer le processus d’érosion de la biodiversité, en particulier depuis le « sommet de Rio », en 1992.
La prise de conscience des conséquences de la pression des activités humaines sur les espèces animales et végétales est relativement récente, bien que des scientifiques aient exprimé la nécessité de prendre des mesures de préservation de sites ou d’espèces animales ou végétales depuis un peu plus d’un siècle. Les travaux relatifs à l’environnement ont surtout commencé à être présentés au public il y a une quarantaine d’années, au moment où l’homme mettait le pied sur la Lune et percevait plus nettement que jamais l’originalité de la Terre. Le mythe des extraterrestres et des martiens s’est évanoui avec les explorations interplanétaires : pas de voisins sur les planètes les plus proches, seuls, nous sommes seuls.
Aujourd’hui, la Terre porte environ 1,5 million d’espèces vivantes identifiées, animaux et végétaux, mais les spécialistes pensent qu’il y en a beaucoup plus du fait que les régions tropicales sont encore incomplètement étudiées. Les régions tropicales sont en effet celles qui possèdent la plus grande diversité d’espèces vivantes, mais la région méditerranéenne compte également parmi les régions qui hébergent une grande variété d’espèces.
Ainsi, le Sud de la France possède une intéressante biodiversité qu’il convient de préserver. Le département des Alpes de Haute-Provence couvre une région remarquable du fait qu’il y a une transition entre le milieu méditerranéen et le milieu alpin. Avec 2600 espèces de plantes, ce département est un des plus riches de France. En outre, on y trouve un grand nombre d’animaux, surtout des insectes (15 à 20.000 espèces pour l’ensemble de la région Provence – Alpes – Côte d’Azur) parmi lesquels les papillons sont bien représentés, en particulier les papillons de jour (208 espèces sur les 250 répertoriées en France).
On peut apprécier la diversité de la flore dans l’ensemble du département, mais le lac d’Allos (2200 m d’altitude) et la Montagne de Lure (sommet à 1800 m environ) sont des sites d’accès facile permettant d’observer des espèces montagnardes.
Le Lac d’Allos, dans le Parc Naturel National du Mercantour (créé en 1979), permet d’observer aisément la biodiversité caractéristique de l’étage sub-alpin (1700 – 2600 m). Au centre, une marmotte. A droite, une fleur printanière, la soldanelle (famille des Primulacées).
La montagne de Lure est un site remarquable permettant d’observer une succession d’espèces végétales traduisant les modifications des conditions climatiques en relation avec l’altitude et l’exposition. De Forcalquier à Valbelle, en passant par le sommet, on peut observer le long de la route de très nombreuses espèces qui sont assez bien réparties en fonction de l’altitude. Des espèces méditerranéennes, au dessous de 700 m d’altitude, on passe progressivement à des espèces montagnardes qui prennent des aspects en coussins ou qui se développent au raz du sol au voisinage du sommet, pour mieux résister aux rudes conditions hivernales : genévrier, vitaliana, saxifrage, gentiane printanière, globulaire …
La commune de Villeneuve, située à plus basse altitude (400 à 600 m) est également très intéressante car les espèces méditerranéennes y sont abondantes alors que des espèces montagnardes ou plus septentrionales s’y trouvent également. Villeneuve fait partie du Parc naturel Régional du Luberon depuis 1997. Ce parc naturel régional fut créé en 1977. Il englobe aujourd’hui 85 communes. Plus récemment, dans l’emprise du Parc du Luberon, des sites remarquables ont été identifiés et font partie du projet Natura 2000 lancé à Rio en 1992. Dans le cadre du projet Natura 2000 validé en 2007, 1705 sites ont été délimités en France (18.000 pour l’ensemble de l’Europe des quinze) afin de préserver des biotopes originaux et, par voie de conséquence, des plantes et des animaux, en particulier des espèces dont les représentants se raréfient depuis des années. Or, les interactions entre tous les êtres vivants étant extrêmement complexes, il convient de s’efforcer de préserver toutes les espèces vivantes, aussi modestes puissent-elles paraître. Il y a sur la commune de Villeneuve deux sites Natura 2000, d’une part la Durance qui représente une partie du corridor écologique de cet important cours d’eau dans le département, et d’autre part un ensemble de collines situées au Nord-Ouest du village, collines représentant plusieurs biotopes intéressants du fait de la variabilité de la nature géologique du substrat et du relief.
Les rochers de Volx et la Roche Amère, avec les collines situées de part et d’autre (St Jean et La Bruyère), qui représentent l’extrémité orientale du Luberon, représentent des sites retenus dans le projet Natura 2000.
Les sites Natura 2000 comportent une biodiversité qui doit être préservée, sans pour autant exclure les activités humaines. Il est même noté que, dans certains cas, des activités traditionnelles peuvent contribuer à accroître la diversité des espèces présentes.
« Sur ces sites, les activités économiques sont possibles, mais elles doivent être compatibles avec la protection des habitats et des espèces qui y vivent » (C.Toutain – 2007)
« Le pastoralisme permet l’entretien des milieux ouverts si la pression de pâturage est suffisante pour empêcher une colonisation des pelouses par les ligneux, mais pas excessive pour ne pas dégrader le couvert végétal. Il préserve donc les habitats de reptiles, de chiroptères, et d’oiseaux remarquables. » (Parc du Luberon – Fév 2010)
Le département des Alpes de Haute-Provence couvre également une partie du Parc Naturel Régional du Verdon, créé en 1997. Il faut noter la présence d’une plante endémique et la réinsertion du vautour fauve (de 1999 à 2004), mais, outre la présence de ces espèces exceptionnelles, les gorges du Verdon et la campagne environnante représentent un environnement remarquable qui est en grande partie retenu dans le cadre du projet Natura 2000.
Sites Natura 2000 dans les Alpes de Haute-Provence : Villeneuve est concerné avec l’extrémité orientale du Luberon et la Durance
Ainsi, le département des Alpes de Haute-Provence possède des richesses naturelles exceptionnelles et la commune de Villeneuve, du fait de sa localisation particulière héberge une remarquable biodiversité qu’il convient de préserver pour les générations futures. Avec la mise en place du Parc Naturel Régional du Luberon et le projet Natura 2000, les sites remarquables vont donc faire l’objet d’attentions particulières pour que soit préservée la biodiversité actuellement existante et ses potentialités évolutives, comme les spécialistes le préconisent :
« … avant tout, privilégier la sauvegarde des écosystèmes car la protection des espèces est illusoire si on ne protège pas simultanément leurs habitats naturels. »
(C.Lévêque & J.C.Mounolou – 2001)
« La conservation doit intégrer, conceptuellement et pratiquement, la réalité du fait de l’évolution biologique »
(Patrick Blandin – 2010)