L’enfant et l’événement douloureux
C’est quoi, la mort ?
Les questions des enfants face à la mort nous laissent souvent démunies. Petite approche avec deux psys.
Le tout-petit : la perte de rythme est une détresse
Le bébé vit la mort comme une rupture, une absence. Si un parent décède, quelqu’un s’occupera nécessairement de lui. Mais il sentira la détresse de l’autre parent. Il ressentira une rupture dans le rythme de ses journées, ce qui va se traduire par des troubles alimentaires et de sommeil. Il faudra être attentif à ces signaux de détresse du tout-petit.
« Il dort »
Le petit enfant imaginera que le défunt dort. Il ne peut pas comprendre l’aspect définitif de la mort, notamment parce que la notion de temps est incompréhensible pour lui. Il vit dans l’immédiat.
Travailler la tristesse
Vers 6-7 ans, la vie sociale de l’enfant s’élargit. Un accident va le perturber. Ainsi lors du décès d’un petit frère. L’enfant ne réalise pas au début, il enregistre la tristesse de ses parents, s’en imprègne.
Trouver les mots justes, protéger
Outre la tristesse, l’enfant interroge sur la mort elle-même. Qu’il s’agisse d’un animal ou d’un humain, c’est un être vivant très aimé qui disparaît. Ainsi quand son chien meurt, il faudra trouver les mots justes, rassurants. Un copain qui vient de décéder sera souvent traité en héros, il sera idéalisé. Si un proche se suicide, il faudra aussi trouver des mots qui permette à l’enfant de comprendre : c’est le choix de cette personne, la solution qu’elle a trouvée … Faut-il consulter ? « Bien sûr, explique la pédopsychiatre Agnès Gigi, les parents peuvent consulter, mais pas trop vite. Tout dépend du contexte.» Aux parents de protéger, de trouver le moyen de diminuer l’angoisse de l’enfant. Selon le discours tenu, l’enfant sera rassuré ou pas du tout !
Le respect des croyances
Les divergences d’opinion entre l’école et la maison seront aussi source de questions : «À l’école, on dit que quand on est mort, on va au ciel. » et à la maison, on croit qu’après la mort, il n’y a plus rien… Il faudra faire comprendre que chacun a ses croyances, qu’il faut respecter.
Vivre son deuil
Comment faire pour vivre son deuil ? « Même si quelqu’un est mort, on ne l’oublie pas. Il ne faut pas avoir peur d’en parler, d’évoquer les moments dont on se souvient. » affirme le Dr Gigi. Après un décès, les liens changent. Une bonne relation brutalement interrompue par un décès peut modifier l’image que l’enfant a de son parent, par exemple. Et quand l’attachement n’est pas bon à la base, le deuil de l’enfant est plus difficile à faire, parce qu’il n’a pas pu intérioriser assez d’aspects positifs avec le défunt. « Le cérémonial des funérailles est très important, de même que les rituels qu’on se donne, sont importants pour se séparer. » affirme la psychothérapeute Eléonore Crickx
Propos recueillis par J. Daloze