Les Babayagas, les sorcières de Montreuil
A l’occasion du récent décès de Thérèse Clerc, découverte de la Maison des Babayagas, un lieu étonnant à l’orée de Paris, où vieillir entre femmes.
Thérèse Clerc, figure du féminisme
Forgée au creuset du Mouvement pour la Libération de l’Avortement et de la Contraception (M.L.A.C.), Thérèse Clerc emménage à 47 ans à Montreuil. Elle y découvre un terreau fertile pour concrétiser ses aspirations de citoyenneté et d’émancipation sociale. Elle deviendra une grande figure locale. Le décès de sa mère en 1995, l’amène à réfléchir sur la fin de vie. Elle envisage la création d’une maison de retraite porteuse des valeurs d’autogestion, de solidarité, de citoyenneté et d’écologie, qui deviendra la « Maison des Babayagas », après avoir rassemblé d’autres femmes autour du projet. La canicule de 2003 et ses terribles conséquences pour les personnes âgées décident le maire de l’époque à leur réserver un terrain. La maison ouvrira en 2013, au terme d’un log et riche parcours.
Vieillir autrement : La Maison des Babayagas.
La Babayaga, c’est la sorcière de la mythologie slave. Les fondatrices de La maison des Babayagas ont voulu un lieu de vie pour des femmes âgées, dans un esprit citoyen et solidaire, laïque, avec une solide orientation écologique. Soit une autre manière de vieillir dans un habitat participatif, où la dimension de bien-être prend une large place. Pour T. Clerc, il fallait changer le regard des personnes âgées sur elles-mêmes et sur la société et, bien entendu, changer le regard de la société sur la vieillesse. La maison des Babayagas a donc été conçue comme une expérience d’innovation sociale, non élitiste et ouverte sur le monde, y compris dans sa dimension de quartier.
L’Université du Savoir des Vieux
La Maison des Babayagas accueille l’UNISAVIE, l’Université du Savoir et du Vieillir autrement, ou plus dans un langage plus abrupt : l’université du savoir des vieux, créée en 2014. Le rez-de-chaussée de l’immeuble, un espace de 120 m2, est ainsi entièrement dédié à la recherche et la formation sur le mieux vieillir.
Et ensuite ?
Projet pionnier, la Maison des Babayagas n’échappe à certaines dérives de la déclaration initiale. Difficile de faire respecter par toutes les aspects les plus pointus de la charte par toutes les résidentes. Rançon du succès : une firme chinoise s’est emparée du nom pour écouler du matériel médical ! Il n’empêche que la Maison des Babayagas reste une réalisation exemplaire qui prend toute sa place dans la recherche d’un mieux-vieillir.
Pour en savoir plus :
- Dominique Crestin, in http://www.histoiresordinaires.fr/Therese-Clerc-87-ans-Le-voyage-a-ete-si-beau-_a1612.html
- http://www.lamaisondesbabayagas.fr/
J. Daloze
www.jacquelinedaloze.be