LE MONDE DES INSECTES

LE MONDE DES INSECTES

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Bernard PELLETIER

C’est le thème qui a été choisi, lors d’une rencontre du Clapas à en 2008, pour la causerie du 6 novembre 2009 à Vachères. La présentation faite le 26 mai 2007 à Villeneuve était un peu différente de l’exposé de Vachères, de nouveaux clichés ayant été intégrés tandis que certaines parties ont été supprimées pour alléger la présentation.

Avec près d’un million d’espèces décrites, les insectes sont de loin les animaux les plus abondants sur Terre, en termes de biodiversité. Les régions tropicales encore mal connues recèlent probablement encore de très nombreuses espèces encore non décrites et, selon les spécialistes, il pourrait y avoir trois fois à dix fois plus d’espèces sur notre planète.
Les insectes, comme les crustacés, les araignées, les scorpions et les myriapodes (mille-pattes), sont des arthropodes, c’est-à-dire des animaux possédant un squelette externe. La caractéristique des insectes est de posséder trois paires de pattes et une paire d’antennes. Pour la plupart, les insectes se caractérisent également par deux paires d’ailes comme chez les papillons (lépidoptères), les libellules (odonates), les scarabées (coléoptères) ou les abeilles (hyménoptères). L’évolution de certains groupes a conduit à la disparition des ailes : puces (aphaniptères), poux (anoploures),…

Outre les papillons parés de couleurs chatoyantes, les autres insectes passent quasiment inaperçus en dehors de quelques espèces qui peuvent nous causer des désagréments comme les criquets, les doryphores ou les moustiques, ou dont nous savons tirer profit comme les abeilles. Pourtant, les insectes sont présents partout autour de nous et leur absence totale est inconcevable et serait le résultat d’un grave déséquilibre environnemental qui conduirait par exemple à la disparition de certaines espèces d’oiseaux et à l’accumulation à la surface du sol de débris végétaux, de cadavres d’animaux et d’excréments.

Parmi les insectes qui nous sont le plus préjudiciables, il y a les moustiques, vecteurs d’une centaine de maladies parmi lesquelles le paludisme affecte un milliard de personnes dans le monde et fait encore environ deux millions de morts chaque année. Autre fléau important, la peste dont le vecteur est la puce du rat, terrible maladie qui a frappé à plusieurs reprises l’Europe consécutivement à l’introduction accidentelle de rongeurs infectés originaires d’Asie (25 millions de morts en Europe au 14ème siècle).

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A gauche : moustique. A droite : Libellule

De très nombreux insectes s’attaquent par ailleurs aux cultures et ont pu être à l’origine de famines. C’est par exemple le cas des invasions de criquets qui touchent l’Afrique depuis l’antiquité et qui sont même mentionnés par les égyptiens. Un petit coléoptère originaire d’Amérique est aussi bien connu en France depuis 1935 : le doryphore dont la larve et l’adulte prolifèrent sur les feuilles des pommes de terre, plante également originaire d’Amérique du Sud.
L’impact des insectes sur notre santé et notre économie est donc considérable et justifie donc les nombreuses études qui ont été menés sur certaines espèces. On estime en effet que 20 % des récoltes sont détruits, dans le monde, par divers insectes.
Lorsqu’on s’intéresse un tant soit peu aux insectes, on est surpris par la diversité des formes et des couleurs. Nombreux sont ceux qui ont autrefois constitué des collections permettant d’admirer des espèces parfois difficiles à voir. Toutefois, en séchant, la forme et la couleur de certains spécimens peuvent se dégrader. Ainsi, les photographies des insectes vivants prises en milieu naturel présentent beaucoup d’intérêt.

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A gauche : Pélopée (hyménoptère sphécoïde) prélevant de la boue pour construire son nid (Nouvelle Calédonie). Au centre : Eumène (hyménoptère vespoïde) construisant son nid en terre (Nouvelle Calédonie). A droite : Une ammophile (hyménoptère sphécoïde) a capturé une chenille (France).

Avant que les techniques de macrophotographie soient à la portée de tous, les entomologistes réalisaient des croquis et rédigeaient des descriptions détaillées. L’observation des insectes permet en effet de découvrir des comportements tout à fait intéressants et, il y a un peu plus d’un siècle, Jean Henri Fabre (1823-1915) a fait des descriptions très précises de plusieurs espèces d’insectes dans la région d’Avignon et d’Orange. Ses oeuvres, réunies sous le titre de « souvenirs entomologiques », sont tout à fait passionnantes et accessibles à tous.
Au cours des trente dernières années, des progrès considérables ont été faits dans le domaine du comportement des insectes et de leurs moyens de communication qui se font souvent par des signaux chimiques (Emission de phéromones, molécules volatiles ou non, secrétées par plusieurs glandes et correspondant à des aldéhydes, des alcools, des lipides,…). L’étude des insectes sociaux du groupe des hyménoptères, abeilles et fourmis, a permis d’identifier de nombreuses phéromones et de comprendre leurs actions, selon leur concentration et l’association éventuelle de plusieurs molécules, parfois plusieurs dizaines.

À l’heure où l’Europe envisage de mettre en place à partir de 2010 des mesures permettant de stopper l’érosion de la biodiversité, des travaux sont réalisés dans le monde entier pour inventorier les espèces végétales et animales mais la tâche est considérable.
Dans de nombreux pays, on peut désormais disposer d’ouvrages permettant d’identifier la plupart des insectes les plus courants ou présentant un intérêt particulier. Concernant la faune européenne, les ouvrages sont nombreux et de mieux en mieux illustrés.

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Insectes de Haute Provence. A gauche : Ascalaphe (névroptère). A droite : Lycène (Lépidoptères)

Avec un peu d’expérience en entomologie, on peut apprécier à l’occasion de voyages la diversité des insectes dans les pays visités. Tout comme le célèbre zoologiste anglais Alfred Russel Wallace (1823-1913) lors de sa longue mission d’inventaire de la faune en Indonésie au milieu du 19ème siècle, nous pouvons avoir l’occasion d’admirer des espèces originales ou reconnaître de lointains liens de parenté avec les espèces rencontrées chez nous. Compte tenu de l’intérêt croissant de la population en ce qui concerne l’environnement et la biodiversité, les musées offrent maintenant de nouvelles possibilités d’observation : collections mieux mises en valeur, possibilité d’observation d’insectes vivants ou naturalisés dans leur biotope. D’autre part, des jardins aménagés avec des plantes attirant certains insectes ou des serres où sont obtenues des conditions climatiques particulières permettent d’observer des papillons vivants et quelquefois d’autres espèces.
Dans notre région, les possibilités sont nombreuses et nous recommandons de visiter le musée de Jean Henri Fabre à Sérignan près d’Orange (avec le « Naturoptère » qui sera ouvert au public à compter du 15 mars 2010), le musée Gassendi à Digne, le « jardin des papillons » situé dans le parc du musée géologique de Digne, le musée du miel et des abeilles à Valensole.
Et il convient aussi de souligner que la campagne offre également, dans notre département, de remarquables possibilités d’observation compte tenu de la grande biodiversité caractérisant les Alpes de Haute Provence. Il y a autour des villages un grand nombre d’espèces de plantes et d’insectes, ce qui permet aux jeunes et au moins jeunes d’apprécier la richesse de la diversité naturelle que nous avons le devoir de préserver pour les générations futures.

Papillon

Un papillon de la haute vallée de la Durance, désormais protégé : Graells

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